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 La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada

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Pakito
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MessageSujet: La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada   La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada EmptyMar 19 Déc 2006, 01:26

Au temps de Girardengo, Belloni, Bottecchia, une femme aussi courait sur route, la bolognaise Alfonsina Morini Strada. Elle disputa notamment le Tour de Lombardie en 1917 et 1918, le Tour d'Italie en 1924 et s’imposa dans 36 courses cyclistes masculines.

Alfonsina Morini était née à Casetfranco, en Emilie, en 1891 d’une famille de paysans. Elle commença à courir avec la vieille bicyclette de son père. Elle était la vedette des compétitions sportives locales. Pour les gens de Castelfranco elle était devenue "le diable en jupons" . Ses amis et ses parents ne voyaient pas d’un très bon œil les propositions qu’on lui faisait, ils s'opposèrent avec véhémence à la passion de leur fille. Ils finirent par se dire qu’elle devait se marier et en finir avec certaines habitudes sportives. Ainsi, en 1905, âgée d’à peine 14 ans, Alfonsina fut mariée à Luigi Strada: un homme intelligent, moderne, sans préjugés, qui au lieu de mettre des obstacles à la passion de la jeune femme l’approuva et l’encouragea pleinement. Elle le comprit subitement le jour des noces lorsqu’elle reçut de son mari un vélo de course flambant neuf. Elle en eut confirmation l’année suivante quand le couple déménagea à Milan et qu’Alfonsina commença à s’entraîner régulièrement sous l'égide de son mari.

En 1917, Alfonsina Morini participe au Tour de Lombardie où elle se classe 29ème et dernière sur 54 participants. L'année suivante elle se classe 21ème et avant-dernière sur 36 participants. En 1924 Emilio Colombo, directeur de la "Gazzetta dello Sport", admit Alfonsina au Tour d’Italie. A cette époque les routes n’étaient pas asphaltées, les vélos pesaient au moins vingt kilos et le changement de vitesse n’existait pas encore.

Ce fut un succès qui ne se démentit jamais tout au long de la course, non pour les résultats obtenus, mais pour avoir démontré que même les femmes pouvaient supporter d'immenses fatigues.
Elle partit avec son vélo d’homme, ses pantalons à la Zouave, le visage bon et souriant, femme avant d’être athlète. Elle réussit à arriver jusqu’à Naples. Elle avait accompli de façon réglementaire quatre étapes: Milano - Genova (arrivant avec une heure de retard sur le premier mais précédant de nombreux rivaux), Genova - Firenze (dans laquelle elle se classa 50 ème sur 65 concurrents), Firenze - Roma (rejoignant Rome seulement trois quarts d’heure après le premier et avant un important groupe de concurrents) et Roma - Napoli où elle eut l’occasion de confirmer sa résistence.

Dans la 8ème étape L’Aquila- Perugia le temps se déchaînait: pluie et vent s'abattaient sur le parcours déjà parsemé de grosses difficultés en raison de l'état de la route. Il ne faut pas s'étonner dès lors qu'elle arriva hors-délai. Elle fut mise hors-course suite à une polémique très violente dûe au fait qu’une partie des juges furent prompts à la clémence en raison des circonstances particulières dans lesquelles l’étape avait eu lieu et pour la valeur déjà démontrée auparavant de la cycliste en jupons. A l 'évidence Alfonsina fut victime de quelques chutes et de nombreuses crevaisons. Au final les opposants l'excluèrent. Mais Emilio Colombo, qui avait compris la curiosité que suscitait chez le public la première coureuse de l’Histoire, lui consentit de poursuivre la course, lui payant de sa propre poche le logement et le masseur.

A Fiume (10ème étape), Alfonsina arriva avec vingt-cinq minutes de retard, mais pas un seul des spectateurs ne quitta la tribune tant qu’elle n’était pas arrivée: tous voulaient voir cette femme exceptionnelle. Ce jour-là elle était tombée et s’était blessée. Elle arriva en pleurant et la foule l'arracha de son vélo l’acclamant comme les champions les plus réputés. Elle continua le Giro jusqu’à Milan (arrivée finale), respectant les mêmes horaires et les mêmes réglements que les hommes. Le Giro comportait douze étapes pour un total de 3618 kilomètres et se conclut avec la victoire de Giuseppe Enrici après un duel enthousiasmant avec Federico Gay. Partis à quatre-vingt-dix, les coureurs se retrouvèrent trente. Alfonsina faisait partie de ces trente.

Dans les années qui suivirent Alfonsina se vit refuser l'inscription au Tour d'Italie mais elle parcourut cependant de nombreuses portions du parcours pour son propre compte conquérant l'amitié, l’estime et l’admiration de Cougnet, Giardini, Emilio Colombo, Cattaneo, Lattuarda, et de beaucoup de journalistes et de coureurs.

Alfonsina participa à plusieurs courses en Italie et à l'étranger, elle s'exhiba même dans les cirques (sur rouleaux). Elle se rendit en Espagne, en France, au Luxembourg. En 1937, à Paris, elle bat la championne française Robin. En 1938, à Longchamps, elle conquiert le record de l'heure féminin (35,28 km/h).

Devenue veuve de Luigi Strada, Alfonsina se reposa aux côtés d'un ancien cycliste qui avait conquis de nombreux lauriers sur piste, le gigantèsque Carlo Messori, grâce auquel elle continua dans son activité sportive jusqu'à ce qu'elle décide d'arrêter le sport, mais pas le vélo qu'elle continuait d'utiliser comme moyen de locomotion. Et il en demeura toujours ainsi car son second mari ouvrit une boutique de vélo avec un petit atelier pour les réparations. Messori fit part de toute l'estime et l'affection qu'il éprouvait à l'égard de sa femme dans une biographie commencée en 52, qui faisait plus oeuvre d'apologie que d'histoire. Peut-être ne la termina-t-il jamais? Ce qui est certain c'est qu'aucun éditeur ne se préoccupa jamais de la publier. Messori mourut en 1957 et Alfonsina se retrouva seule à s'occuper de la maison milanaise via Varesina où elle était allée habiter, et du magasin qu'elle avait tenu avec son mari pendant plus de vingt ans. Chaque jour pour aller au travail Alfonsina utilisait son vieux vélo de course enfilant une jupe culotte bouffante. Quand elle commença à se sentir fatiguée elle acheta une moto Guzzi 500 cmc. On dit que pour acheter sa moto de couleur rouge elle aurait vendu une partie de ses médailles et de ses trophées. Elle vivait seule dans un deux pièces avec peu de lumière. Elle disait qu'elle avait une fille mariée à Bologne mais ce n'était pas vrai (ce qui fut confirmé par ses parents). Elle voulait faire croire qu'elle n'était pas seule au monde.

Elle mourut un dimanche de 1959 à l'âge de 68 ans. Elle était partie à moto très tôt de chez elle pour aller assister à la célèbre "Tre Valle Varesine" et était revenue le soir tombé. En rentrant elle confit à sa concierge à quel point elle a passé une belle journée. Elle conclut la conversation en lui disant qu'elle va ramener la moto au magasin et qu'elle reviendrait à vélo. Elle sortit. La concierge entendait qu'elle essayait de faire démarrer la moto mais qu'elle n'y parvenait pas. Elle se pencha sur la rue pour voir: Alfonsina poussait avec rage sur le levier de démarrage. D'un coup la moto lui glissa des mains et lui tomba dessus. On la secourut, la mit dans une voiture pour la transporter à l'hôpital, mais quand ils arrivèrent elle était déjà morte d'une crise cardiaque.

On pensait en 1959 que l'histoire du cyclisme féminin avait commencé avec elle et se terminait avec sa disparition. Les temps ont changé et le cyclisme féminin a aquis ses lettres de noblesse. Alfonsina aurait été contente de le savoir. Elle faisait du vélo car cela lui plaisait plus que tout au monde et s'il existait un prix "une vie pour le sport" il lui reviendrait certainement, à elle qui a commencé à courir à dix ans et qui à soixante-huit ans est décédée sous un guidon en rentrant des Tre Vale Varesine.
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MessageSujet: Re: La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada   La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada EmptyMar 19 Déc 2006, 01:33

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Dernière édition par le Mar 24 Avr 2007, 18:20, édité 1 fois
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adeline
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MessageSujet: Re: La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada   La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada EmptyMar 19 Déc 2006, 12:55

Wahh très belle biographie, merci beaucoup ...

ca fait plaisir de voir qu'elle était parmis les favorites du peloton lors du tour d'Italie ...
Dommage que ce n'est plus pareil aujourd'hui !
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MessageSujet: Il faut rendre à César ce qui est à César...   La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada EmptyMer 27 Déc 2006, 22:47

Ce texte n'est pas de moi, c'est la traduction d'un texte d'Elio Antonucci dont vous pouvez trouver la version originale sur cette page: http://www.radiomarconi.com/marconi/alfonsina/index.html
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MessageSujet: Re: La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada   La fabuleuse histoire d'Alfonsina Morini Strada EmptyVen 29 Déc 2006, 19:50

Très beau parcours pour cette pionniaire de la petite reine.....Par rapport à l'époque, elle a su faire évoluer le côté féminin dans un sport à ce moment là très masculin....Et son destin se termine aussi sur deux roues mais cette fois ci à moteur.....Wink
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